Globalement le projet se veut qualitatif et sobre. Cette sobriété vise à la bonne intégration du bâtiment dans la rue.

La volonté de dialogue avec les bâtiments voisins ne passe pas ici par une écriture mimétique mais plutôt par le recours à une série de dispositions :
• L’utilisation d’un matériau expressif et noble tel que la pierre massive* qui va permettre de « rivaliser » avec la brique parfois très ornementale des bâtiments mitoyens. Néanmoins le dessin des ouvertures ou de la serrurerie procure à notre façade un caractère clairement contemporain.
• La création de modénatures discrètes (linteaux, appuis de fenêtre, bandeaux filants) qui rappellent celles que l’on retrouve sur nombre de bâtiments de la rue. Aussi nous avons choisi de marquer le Rez-de-chaussée par un bandeau de pierre qui s’aligne parfaitement avec celui qui existe sur le bâtiment voisin (à gauche en élévation).
• Le recours à un registre quasi « classique » de composition de façade (soubassement , corps, attique) permet de bien s’inscrire dans la séquence de la rue qui contient beaucoup de bâtiments anciens affichant une telle composition
• La partition verticale des fenêtres qui ainsi font écho à celles des voisins.
• La mise en place de persiennes métalliques qui sont de même type que celles que l’on trouve sur les façades mitoyennes.
• Le design de la façade qui est plane et à l’alignement comme la plupart de celles de la rue.
• Le choix d’une couleur « terracota » pour les garde-corps qui rappelle celle de la brique des voisins
• Le calage parfait des pignons du bâtiment sur les héberges des voisins.
Le fait que l’escalier soit positionné en façade derrière les baies le rend visible depuis la rue : ce dispositif architectural crée un « mini événement » urbain qui anime la rue et donne de la personnalité au bâtiment.
Aussi nous sommes convaincus qu’il est important de redonner ses « lettres de noblesse » au logement social qui, encore aujourd’hui, soufre souvent d’une image péjorative, malgré les progrès indéniables effectués depuis l’époque des grands ensembles. Pour la rue Jules Ferry nous proposons donc un bâtiment dotée d’une façade noble en pierre massive

La Façade arrière est traitée de façon différente : ici on ne s’adresse pas à l’espace public mais au cœur d’îlot, calme et verdoyant. L’idée est de combler cette « dent creuse » avec un certaine discrétion pour limiter l’impact sur le voisinage. Le langage architectural est donc très sobre : la façade est de teinte claire, les fenêtres verticales des chambres sont dépourvues de balcons (à l’exception du R+5) de façon à minimiser l’impression de vis-à-vis pour les voisins qui seraient susceptibles de ne pas accueillir favorablement ce nouveau bâtiment en face de chez eux. Le projet vise également, pour sa bonne intégration dans ce cœur d’îlot, à proposer un traitement très qualitatif du stationnement des véhicules qui prend place en pied d’immeuble et en fond de parcelle. Le souhait est de paysager au maximum cette zone, de planter le plus possible, afin de masquer les voitures sous une pergola bien végétalisée. Les murs mitoyens seront eux couverts de plantes grimpantes qui pourront se développer le long des treilles en inox installées le long des murs. Le traitement du sol participera lui aussi de cette ambiance de « patio végétal » grâce à l’utilisation de pavés de terre crue évidés (matériau très peu carboné) permettant à quelques plantes adaptées de se développer dans leurs interstices. L’autre vertu de ces pavés est qu’ils favorisent l’infiltration de l’eau à la parcelle, sujet de plus en plus important dans les communes denses ou l’imperméabilisation des sols pose problème. Les habitants entrant dans leur immeuble peuvent apercevoir ce « patio » du fait que la façade du hall est transparente côté intérieur d’ilot.

*le projet se situe tout près de l’opération du point du jour de Fernand Pouillon…