Habitat bois

Paris, 2018

La particularité de la parcelle est d’offrir deux situations urbaines très différentes selon que l’on se trouve d’un côté ou de l’autre du futur bâtiment construit. A l’Est il s’agit d’une petite rue du 18ème arrondissement, assez typique des faubourgs parisiens. Cette rue courte et étroite, est relativement homogène sur le plan architectural.
Cette situation urbaine, somme toute assez banale, n’est pas sans qualité pour ses habitants. La rue ainsi constituée est un espace public bien défini, homogène, qui procure une forme de sérénité. A l’ouest il s’agit d’une toute autre situation, qui elle, a contrario, est exceptionnelle : nous nous trouvons face à un grand paysage urbain : celui qui est « ouvert » par le faisceau de voies ferrées de la gare du nord. La vue se perd dans le lointain, la proportion de ciel est immense, la topographie parisienne se découvre avec en point d’orgue la butte Montmartre, dans l’axe.

La configuration de la parcelle, sa largeur en particulier, permet de générer un étage courant constitué de deux appartements de 3 pièces traversants, disposés symétriquement de part et d’autre du noyau central abritant les circulations verticales. Les pièces humides (WC, sales d’eau) sont regroupées au centre des logements, elles plombent sur tous les étages. Nous choisissons de disposer les chambres à l’Est, sur rue, et les séjours à l’Ouest côté « grand paysage » ainsi que leurs terrasses ou balcons.

Ainsi, sur la rue, la façade est volontairement sobre de façon à s’intégrer à cette « séquence faubourienne »que nous trouvons qualitative et que nous ne souhaitons pas dénaturer. Le travail très précis que nous avons effectué sur les proportions (plein/vide, hauteur d’étages, fenêtres, etc.) et sur la modénature (encadrements de fenêtres, bandeaux horizontaux) confère au bâtiment une forme de parenté avec le contexte. L’utilisation de l’enduit clair participe aussi de cette volonté de s’inscrire harmonieusement dans cette rue, à cet endroit. Néanmoins nous ne sommes pas dans le pastiche, ni dans le mimétisme d’une architecture passée. Les fenêtres sont plus généreuses que dans les édifices anciens, les persiennes bois repliables en tableau et escamotables
dans leur épaisseur sont résolument contemporaines, le design de la terre cuite vernissée, utilisée en encadrements de fenêtres et en parement de façade à RDC, également.

Côté voies ferrées la situation exceptionnelle induit un dispositif architectural plus sophistiqué et plus démonstratif qui tire pleinement profit du site. Ici le jeu des volumes prend sens : le double effet de «gradinage » et de « concavité/convexité » génère des espaces extérieurs à chaque niveau et permet à la lumière naturelle d’entrer de façon généreuse dans les logements.
Le « bow-window central », outre son intérêt typologique, (décalage séjour/cuisine en plan et donc création de terrasse) est aussi une projection du bâtiment dans le grand paysage. Il n’est pas sans évoquer, en creux, les célèbres bâtiments d’Auguste Perret du XVIème arrondissement à Paris de la rue Franklin.

Nous mettons en œuvre un maximum de matériaux naturels et bio-sourcés. La part belle revient au bois bien sûr (environ les 3/4 de la structure et de l’enveloppe). Toutefois son utilisation est raisonnée : il est peu exposé aux intempéries, nous préférons le cantonner à des zones protégées (voussure des baies, persiennes et menuiseries en tableau intérieur, sols, etc.) pour des raisons de pérennité et d’entretien. Les isolants sont eux aussi issus de la filière bois (laine de bois, fibre de bois).

 

 

 

 

 

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