Balcons galbés

Paris XV, 2021

Côté avenue Emile Zola, la problématique urbaine et architecturale est celle d’inscrire harmonieusement une façade contemporaine dans un contexte d’avenue Parisienne assez typique et bien constituée. Le dessin du bâtiment existant, sa rigueur, son « équilibre », son ornementation même en font une sorte de « socle idéal » pour une surélévation : les « pilastres » semblent attendre de porter quelque superstructure.
La personnalité du projet tient sans doute à la forme de ses balcons/loggias.
En effet ce travail formel vise à offrir aux regards des passants des sous-faces soignées et élégantes. Ce sont des éléments architecturaux très visibles depuis la rue, une véritable « sixième façade ». De plus ce design fait référence à une architecture des années 1930 très qualitative et généreuse, bien connue des Parisiens, qui a développé et donné ses lettres de noblesse aux bow-windows.
Aussi ce travail formel se combine à la volonté d’offrir une véritable qualité d’usage : ces balcons de surface généreuse et maîtrisée, orientés plein Sud, autorisent nombre d’usages. Nous répondons ainsi à une aspiration légitime des citadins : celle de jouir d’un espace extérieur privatif de qualité. Les porte-à-faux de ces espaces extérieurs constituent également une protection solaire passive intéressante pour les larges baies des logements, dispositif complété par des stores verticaux colorés qui animent la façade.
Le projet se caractérise également par l’utilisation d’un bardage de terre cuite émaillée en façade et toiture côté avenue Émile Zola. De loin son appareillage et sa tonalité évoque celui de la brique : on crée ainsi un dialogue avec les immeubles voisins. La terre cuite émaillée, produite à partir d’argile naturelle, est un matériau qui possède des vertus intéressantes dans le cadre d’un projet ambitieux sur le plan environnemental (géo_sourcée, recyclable et locale). L’émaillage lui confère une pérennité exceptionnelle et aussi une tenue de la couleur dans le temps dont peu de matériaux de construction peuvent se vanter.
Côté « Nord » le projet s’adresse au square Emile Zola qui est une voie privée en impasse où les immeubles de logements forment un ensemble architectural assez cohérent et un lieu paisible. La volonté est de « fondre » la surélévation dans les masses bâties existantes. Cela se traduit par des façades composées simplement à partir d’un rythme régulier de belles fenêtres parisiennes dotées de garde-corps et d’appuis dont la forme rappelle celles des balcons sur rue. De même le petit volume de 3 étages qui vient s’adosser perpendiculairement à la surélévation est traité sobrement: enduit blanc cassé, menuiseries en bois, toiture végétalisée. Sa teinte claire le distingue et permet ainsi une perception plus fragmentée de l’opération, moins imposante et crée un lien avec le socle lisse de l’immeuble voisin.

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