Le vent du Nord et le canal dans le dos, nous échouons sur le parking du futur équipement auquel la Maire de Calais, fraîchement élue, tient tant. Non pas qu’elle se soit piquée d’apprendre le skateboard, mais les jeunes attendent cela depuis si longtemps ! Un contexte pas franchement gai mais franchement gris, heureusement le ciel marin et les lumières soudaines procurent de belles sensations fugaces.
L’objet : un hangar a cacahouètes, un terrain de karting, un dépôt de meubles et on ne sait quoi encore…
De l’ouvrage rien de bien intéressant… à part peut-être les poteaux et fermes en béton. Maigre peau en panneau de béton préfabriqué, toiture en plaque de fibro-ciment ondulée. Quelques maigres filets de lumières descendant des lanterneaux clairsemés dans la toiture, peinture aubergine rajoute à la pénombre, dalles de moquette bon marché abandonnées, collées sur la dalle…
Budget et délais minimum : satisfaire un maximum d’électeurs en un minimum de temps.
Voilà le défi.
C’est pas compliqué : il faut faire rentrer la lumière, donner à voir ce qui se passe à l’intérieur, rester « pop » (on s’adresse essentiellement au jeunes) et surtout être vu (on fait partie du plan de communication politique)
Donc on fait tomber les pignons (sans faire tomber la structure) on les emballe d’une dentelle rouge orangée.
On installe un petit porte-à-faux  pour lancer les skaters (ridicule par rapport à celui de la cité de la dentelle située quelques centaines de mètres en aval du canal…)
A l’intérieur c’est lumineux, les baffles acoustiques forment deux belles voutes absorbantes, les boudins qui ornent la façade des salles d’activités  (boîte dans la boîte) parent aux sons plus qu’aux chocs, la rambarde orange protèges les spectateurs des planches à roulettes fusant. Au fond ils enchaînent les tricks dans le bowl, véritable bassin réalisé en contreplaqué de bouleau sur une structure bois façon architecture navale.
Les deux prismes en façade qui déforment la dentelle font écho à la silhouette du bâtiment existant et « dynamise » un peu l’équipement (ça c’est important car le programme se nomme ZAP’ADOS !…)
Voilà : 6 mois d’études. 9 mois de travaux  et à peine  merci…